Johann Fabricius (1587-1616)




Page titre du livret publié en 1611 par Johann Goldsmid, mieux connu sous son pseudonyme latin Fabricius

Fabricius est né le 8 janvier 1587 à Resterhave, en Frisie (Nord de l'Allemagne). Son père, David Fabricius (1564-1617) était pasteur Luthérien, astrologue, et astronome de renom, ayant découvert la première étoile variable, Mira Ceti, en 1596. De 1604 à 1610 Fabricius étudia la médecine, d'abord à Helmstedt, puis Wittenberg, et ensuite à Leiden, où il débuta ses observations télescopiques. Ses premières observations de taches solaires datent du 27 février 1611 (le 9 mars sur le calendrier Grégorien, pas encore en usage en Frisie), auxquelles il intéressa bientôt son père. L'équipe familiale des Fabricius interpréta correctement la dérive apparente des taches comme étant causée par un mouvement de rotation axiale du soleil. En juin de la même année, Fabricius-fils rédigea un livret décrivant leurs observations et interprétations, qui fut publié sous le titre de Maculis in Sole observatis et apparente earum cum Sole conversione, Narratio ("description des taches observés sur le soleil, et de leur rotation suivant le soleil"), et vendu à la foire du livre de Francfort l'automne suivant.

Tout comme Thomas Harriot, les Fabricius observaient le soleil directement au télescope soit immédiatement après le lever du soleil, ou juste avant son coucher. La description de Fabricius donne le frisson, et mérite d'être citée (traduit de la traduction anglaise dans l'article de Mitchell cité en bibliographie):

"...une fois le télescope ajusté, nous l'avons graduellement pointé vers le soleil, observant d'abord seulement un bord puis poussant lentement vers le centre, jusqu'à ce que nos yeux se soit ajustés à l'intensité et que nous puissions observer le disque en entier. Nous y avons alors observés les choses que j'ai déjà décrite [les taches solaires]. Entre temps, des nuages sont apparus, et la montée du soleil empêcha de prolonger les observations; en effet, il était à craindre qu'une étude du soleil ne cause de dommage à nos yeux, car même le soleil levant ou couchant enflamme la vision d'une étrange rougeur, qui peut perdurer jusqu'à deux jours, et affecter la perception des objets."

Les Fabricius ne tardèrent pas à adopter la technique de projection basée sur la camera obscura de Kepler, qui consister à former une image inversée du soleil sur un mur d'une pièce sombre, via un petit trou percé sur le mur opposé faisant face au soleil.

Johann Fabricius mourut le 19 mars 1616, et son père, qui ne poursuivit pas l'observation des taches solaires, fut tué l'année suivante par un paroissien furieux d'avoir été accusé du vol d'une oie du haut de la chaire. Plusieurs astronomes contemporains, dont Kepler, Simon Marius et Michael Maestlin, étaient au courant des observations des taches solaires par Fabricius, et Kepler en particulier les discuta à plusieurs reprises dans ses écrits. Cependant, la controverse sur la question de priorité s'étant déclenché entre Galilée et Scheiner eut tôt fait d'éclipser les contributions de Fabricius, dont les travaux furent oubliés pendant plus d'un siècle, jusqu'à ce qu'une copie de son livret fut découverte et publicisée en 1723.

Bibliographie:

Mitchell, W.M. 1916, The history of the discovery of solar spots, in Popular Astronomy, 24, 22-ff.

Christianson, J.R. 2000, On Tycho's Island, (Cambridge: Cambridge University Press).


                           


Retour aux grands moments      

Vers les bibliographies      

Vers les lectures suggerées      

Vers la page d'accueil du GRPS      

Dernière modification effectuée le 18 janvier 2008 par paulchar@astro.umontreal.ca

Tous droits réservés / Copyrighted by
Université de Montréal