Simulations MHD de la convection solaire




La convection magnétohydrodynamique

Champs magnétiques aux grandes échelles et inversions de polarité

Rotation différentielle et oscillations torsionnelles

Modulation magnétique du transport convectif

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Le champ magnétique du soleil est le moteur de tous les phénomènea définissant l'activité solaire. Il extrait son énergie des divers écoulements plasma existants à l'intérieur du soleil. Un des plus importants est la convection thermique, présente dans le 30% extérieur en rayon du soleil. Les interactions entre cet écoulement et le champ magnétique ambiant sont décrites mathématiquement par les équations de la magnétohydrodynamique, un ensemble d'équations aux dérivées partielles complexe, couplées et fortement nonlinéaires. La seule approche possible permettant le calcul de l'évolution spatiotemporelle des quantités physiques impliquées est la simulation numérique directe. Même dans cas, la puissance limitée des supercalculateurs actuels ne permet que de couvrir qu'une gamme relativement restreinte d'échelles spatiales et temporelles.

Travaillant à partir du populaire et puissant code de simulation numérique hydrodynamique EULAG et en étroite collaboration avec le Dr Piotr Smolarkiewicz (NCAR, Boulder, USA), nous avons développé un nouveau code de simulation numérique MHD global, baptisé EULAG-MHD. Nos simulations visent à mieux comprendre les divers mécanismes impliqués dans la regénération cyclique du champ magnétique solaire. Le modèle est défini sur une coquille sphérique couvrant de 0.6 à 0.96 du rayon solaire, incluant la majoritée de l'enveloppe convective ainsi qu'une portion du coeur radiatif. Les résultats présentés ci-dessous ont été obtenus dans une série de simulations à basse (128x64x47) et moyenne (256x128x97) résolutions spatiales.

La majorité de nos simulations sont effectuées sur les supercalculateurs du Réseau Québécois de Calcul de Haute Performance. La Galerie d'images GRPS présente offre plusieurs représentations plus détaillees de divers aspects de ces simulations.

La convection magnétohydrodynamique

La Figure 1 montre quelques résultats représentatifs, soit la perturbation de température (à gauche), les composantes verticales de l'écoulement convectif (au centre) et du champ magnétique (à droite) deux points de maille sous la surface. L'écoulement convectif s'organise en un assemblage de cellules contigues de fluide chaud ascendant, dont les frontières communes définissent un "réseau" de structures plus ou moins linéaires où le fluide froid coule vers l'intérieur. L'animations ci-dessous, couvrant un intervalle temporel de 8.3 années, illustre cet aspect fondamental de la convection. On notera l'accélération équatoriale de l'écoulement zonal, ainsi que la température réduite et les cellules convectives verticalement allongées dans les régions équatoriales, caractéristiques de la convection dans un fluide stratifié et en rotation. On remarquera également que le champ magnétique produit par la convection, bien qu'intense, semble montrer ici très peu d'organisation spatiale aux échelles globales de la simulation.

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Figure 1: Animation (format meg, 12 MB) couvrant une période de 8.3 années dans une simulation MHD représentative. À droite: perturbation de température (de -1.84 à +1.84 degrés du sombre au clair); au centre: composante radiale de la vitesse du fluide (-8.7 à +8.7 m/s du bleu au jaune); à gauche: composante radiale du champ magnetique (-0.013 à +0.013 Tesla du vert au jaune). Les trois projections sont extraites à près de la surface, à un rayon r/R=0.945.

Champs magnétiques aux grandes échelles et inversions de polarité

Dans un contexte solaire, un des grand défis de ce genre de simulations est de produire un champ magnétique bien organisé aux grandes échelles spatiales, et inversant sa polarité de manière régulière. Nous avons récemment réussi à reproduire ce comportement dans nos simulations, qui génèrent au moins deux types distincts de cycles magnétiques.

La Figure 2 ci-dessous illustre l'évolution spatiotemporelle de la composante toroidale (zonale) du champ magnétique à l'interface entre l'envelope convective et les couches stables sous-jacentes, sur une période de temps de 82 ans. De fortes fluctuations du champ magnétique persistent à cette profondeur, en raison de l'intrusion de plumes convectives provenant de plus haut; néanmoins, une composante bien définie aux grandes échelles est apparente, antisymétrique par rapport au plan équatorial, maximale aux mi-latitudes et légèrement sous la base de la zone convective. Ce cycle long a une demie-période d'environ 40 ans, et les inversions régulières de la polarité magnétique sont synchrones dans les deux hémisphères. (Voir aussi la Page Modélisation du cycle solaire).

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Figure 2: Animation mpeg (52 MB). Évolution de la composante toroidale (zonale) du champ magnétique. La partie (A) montre une projection Mollweide (longitude/latitude) à la base de l'enveloppe convective (r/R=0.71), tandis que la partie B montre sa moyenne zonale dans le plan méridien. La simulation couvre une période de 82 ans. Code couleur comme sur la Figure 1B, avec le champ mesuré en tesla.

La Figure 3 illustre un second type de cycle magnétique, celui-là concentré spatialement dans les régions équatoriales de la zone convective même. Le degré d'axisymétrie est moins prononcé ici, mais une moyenne zonale (Figure 3B) fait émerger une composante axisymétrique qui montre un patron de propagation de l'équateur vers les pôles, ressemblant fort aux "ondes dynamo" prédites par la théorie de l'électrodynamique des champs moyens. La période de ce cycle "court" est d'environ 5 ans ici.

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Figure 3: Animation mpeg (10 MB). Évolution de la composante toroidale (zonale) du champ magnétique au tier extérieur de l'enveloppe convective. La simulation couvre maintenant une période de seulement 10 ans. Les structures magnétiques sont concentré ici à basses latitudes, et dévient substantiellement de l'axisymétrie. Format identique à la Figure 2.

Rotation différentielle et oscillations torsionnelles

Le cycle magnétique "long" (Figure 2) produit une composante axisymétrique montrant une forte cohérence spatiotemporelle. La force magnétique associée à ce champ induit alors une oscillation torsionnelle dans le profil de rotation différentielle, variant en phase avec le cycle magnétique mais à deux fois sa fréequence, comme le montre la Figure 4. Autant au niveau de sa phase spatiotemporelle que de son amplitude générale, ces oscillations torsionnelles ressemblent remarquablement à celles observées dans le soleil par hélioséismologie.

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Figure 4: Animation mpeg (37 MB). Oscillations torsionnelles dans la simulation de la Figure 2. La fréquence angulaire de rotation est moyennée sur la durée de la simulation, et soustraite pour produire son résidu (en A). Celui-ci montre des variations temporelles périodiques de quelques nanoHertz d'amplitude, se dveloppant à deux fois la fréquence du cycle magnétique (en B) L'animation couvre une période de 80 ans.

Modulation magnétique du transport convectif

Un aspect particulièrement intéressant de nos simulations MHD avec cycles est la variation cyclique du transport convectif de l'énergie due à la variation cyclique du champ magnétique aux grandes échelles. Comme le montre la Figure 5, la luminosité convective mesurée dans les simulations varie en phase avec le cycle magnétique, autrement dit elle est maximale à la phase maximale du cycle magnétique, et minimale à sa phase minimale. Ceci correspond à la phase de la modulation observée. Ces résultats suggèrent que la modulation magnétique du transport convectif de l'énergie dans l'intérieur solaire puisse contribuer à la variation cyclique observée des
irradiances solaires totale et spectrales.

Figure 5: (A) Séquences temporelle de la luminosité convective (en jaune) et de l'énergie magnetique (rouge) dans la simulation MHD de la Figure 3. La moyenne temporelle a été soustraite de chaque séquence, et elles ont été normalisée par la luminositée solaire et l'énergie maximale, respectivement. (B) La luminosité convective, mesurée ici à mi-profondeur dans la zone convective (r/R=0.88) est corrélée positivement avec l'énergie magnétique


Qui travaille là-dessus dans le groupe: Antoine Strugarek, Jean-Francois Cossette, Patrice Beaudoin, Dário Passos, Nicolas Lawson, Caroline Dubé. Paul Charbonneau.

Collaborateurs extérieurs: Piotr Smolarkiewicz (MMM/NCAR), Gustavo Guerrero (U. Stanford), Zbigniew Piotrowski (Météo-Pologne)


Publications récentes du groupe sur ce sujet:


   Dernières modifications le 18 janvier 2013 par

paulchar@astro.umontreal.ca.

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